Milei à Davos : vive la liberté !

Interrogée sur ce sujet au Parlement européen, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, s’est montrée ambivalente. D’un côté, elle a annoncé qu’elle « soutient » son collègue Elderson, de l’autre, elle a assuré que la diversité des points de vue est la force de l’institution qu’elle dirige. Lors de conversations internes – obtenues par Politico – les employés ont exprimé leur inquiétude quant au fait que la banque était en train de devenir un crime d’opinion, que l’accent mis sur la seule bonne façon de penser la politique climatique affecterait la capacité à prendre des décisions rationnelles et qu’il s’agissait d’une attaque contre Liberté de croyance. Après tout, la BCE n’est pas l’institution privée de M. Elderson ou de Mme Lagarde.

L’affaire s’inscrit dans un contexte politique plus large, dans la mesure où la BCE est impliquée dans la politique européenne, y compris dans la mise en œuvre du programme du Green Deal – bien que sa tâche principale soit de maintenir la stabilité de l’euro. Cependant, que se passerait-il si – comme l’indiquent certaines personnes qui y sont associées – l’agenda vert commençait à menacer cette stabilité, par exemple en stimulant l’inflation, ce qui semble inévitable compte tenu de l’ampleur de la contribution des taxes climatiques à l’augmentation des prix ?

Politico donne également l’exemple d’un membre du Conseil des gouverneurs de la BCE et président de la banque centrale belge, Pierre Wunsch, qui a publiquement exprimé des réserves quant à la prise en compte des enjeux climatiques dans certaines activités de la banque. En réponse, 20 organisations pour le climat ont écrit au roi de Belgique, lui demandant de bloquer le deuxième mandat de Wunsch au conseil.

Wunsch ne s’est pas laissé intimider. Dans une rare démonstration de franchise, s’exprimant récemment au Parlement européen, il a déclaré : « Ce changement (transformation verte) ne nous rendra pas plus riches. « Nous devrions être plus honnêtes et ne pas tromper les gens en les convainquant que le « verdissement » apporte des opportunités positives qui augmenteront notre PIB et créeront des millions d’emplois bien rémunérés. ». Bien entendu, les propos du Belge, comme vous pouvez facilement le deviner, sont passés complètement inaperçus. Personne ne l’a cité en Pologne.

Le scandale entourant la situation à la BCE montre un mécanisme dangereux pour imposer la religion du climat non seulement dans le débat public – citons, par exemple, le terme « négationniste du climat » utilisé par les climatologues pour discréditer les opposants, qui serait associé à La négation de l’Holocauste – mais aussi dans les structures européennes elles-mêmes.

Il vaut la peine d’être conscient de toutes les conséquences d’actions telles que celle d’Elderson.

Premièrement, cela signifie intimidation et pression sur les salariés qui, même s’ils ont des opinions différentes, sont obligés de les cacher par crainte pour leur lieu de travail. Il s’agit d’une situation bien connue des systèmes autoritaires et de notre histoire sous la République populaire polonaise. Cela en soi devrait soulever de profondes objections, en particulier dans les pays connaissant des systèmes autoritaires.

Deuxièmement, une institution telle que la BCE, qui doit avant tout veiller à la stabilité monétaire, doit prendre en compte les effets négatifs de la politique climatique sur l’économie et les finances et en informer de manière fiable les décideurs et le public. Mais comment y parvenir si des pressions sont exercées sur les salariés pour qu’ils adoptent uniquement une attitude juste et enthousiaste à l’égard de la politique climatique ? Il est clair que dans de telles circonstances, les effets potentiellement négatifs de la politique climatique resteront masqués.

Troisièmement, c’est de cette manière quelque peu subreptice que se façonnent tout le mécanisme institutionnel et toute la sphère du débat public. Si l’aveu forcé de la foi climatique devient obligatoire dans la plus importante institution chargée des finances de la zone euro, cela affecte tous les autres domaines.

De nombreuses personnes ont mis en garde contre une telle évolution. J’ai moi-même mis en garde à plusieurs reprises contre une véritable censure concernant le discours sur le climat. Il ne s’agit bien entendu pas d’une censure officielle, mais de ce qu’on appelle un effet dissuasif. L’effet dissuasif est encore plus dangereux que la censure car il ne repose pas sur une interdiction officielle, mais sur une influence douce sur les citoyens en leur signalant qu’exprimer librement ses opinions implique un risque. Dans ce cas particulier, risque de perdre votre emploi. Dans le cas des entreprises où la question du crédit est cruciale, aller à contre-courant des tendances climatiques peut signifier un manque d’argent pour faire des affaires. Il convient également de vérifier quelles sont les voix qui s’élèvent concernant le système ESG – un mécanisme de reporting non financier absurde et nuisible visant en grande partie à promouvoir l’agenda vert, qui couvrira bientôt toutes les sociétés cotées au prix de centaines de millions de zlotys seulement en Pologne. Il est vain de chercher des opinions sceptiques et de s’interroger sur le sens d’introduire cette absurdité, qui ne servira qu’à rapporter de l’argent au secteur ESG.

Le programme vert de l’UE est un cancer qui affecte la communauté. Comme le montre, entre autres, l’histoire décrite par Politico, elle attaque également la liberté d’expression et donc la base saine sur laquelle reposent des décisions économiques rationnelles.

Lukasz Warzecha

Chaque chroniqueur de FPG24.PL présente ses propres points de vue et opinions

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