Selon Eurostat, en 2021, environ 4,9 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques ont été jetées dans les 27 États membres de l’UE, ce qui constitue un record. En 2015, ce chiffre était de 3,2 millions de tonnes. Quel que soit l’équipement dont il s’agit, ce qui est en panne ou supposément trop vieux est remplacé par de nouveaux appareils.
La Commission européenne entend lutter contre ce phénomène en utilisant ce qu’on appelle droit à la réparation. Le Parlement européen et les États membres se sont déjà mis d’accord sur les points clés des nouvelles lignes directrices. La base était le projet de loi communautaire de mars 2023, qui nécessite désormais l’approbation finale du Parlement européen et des États membres. Les exigences pourront alors entrer en vigueur et, après une période transitoire de deux ans, seront transposées dans le droit national.
Que signifie le terme « droit à la réparation » ?
Les nouvelles réglementations européennes visent non seulement à faciliter, mais surtout à réduire les coûts de réparation des appareils cassés. À l’avenir, toute personne apportant son matériel en réparation pourra bénéficier d’une année de garantie supplémentaire. Les fabricants devraient également être obligés de proposer des réparations pendant la période de garantie. A moins que cela s’avère plus onéreux que l’achat d’un nouveau produit, impraticable ou désavantageux pour le consommateur.
Les uniocrates souhaitent également faciliter la réparation elle-même, ce qui profiterait particulièrement aux bricoleurs et aux ateliers indépendants. L’accord oblige les constructeurs à rendre disponibles les informations sur les pièces détachées sur leurs sites Internet, ce qui devrait améliorer la concurrence entre les prestataires de services de réparation.
Le nouveau règlement sur les batteries, entré en vigueur l’été dernier, prévoit entre autres qu’à partir de février 2027, les consommateurs pourront remplacer eux-mêmes les batteries de leurs téléphones portables et ordinateurs portables.
Quels appareils sont couverts par le « droit à la réparation » ?
Dans un premier temps, la nouvelle loi ne devrait s’appliquer qu’aux produits pour lesquels des réglementations de réparation existent déjà au niveau européen. Il s’agit notamment des vélos, des smartphones, des tablettes, mais aussi du gros électroménager comme les machines à laver, les aspirateurs, les lave-vaisselle et les réfrigérateurs. Toutefois, ces exigences pourraient être étendues à d’autres produits à l’avenir.
On estime que les consommateurs européens perdent environ 12 milliards d’euros par an parce qu’ils choisissent d’acheter un nouveau produit plutôt que de faire réparer l’ancien.
L’UE prévoit des bonus en espèces ou un système de dépôt
L’Union européenne accorde une attention particulière aux smartphones et tablettes qui ne sont plus utilisés. Selon les estimations de la Commission européenne, il y a plus de 700 millions de téléphones portables inutilisés dans les foyers de l’UE. Cela signifie que les matières premières importantes à partir desquelles ces appareils sont fabriqués restent inutilisées. Selon la recommandation de la CE, à l’avenir, des bonus en espèces ou un système de caution devraient encourager le recyclage d’appareils tels que les téléphones ou les ordinateurs portables. Les consommateurs paieraient une caution lors de l’achat, qui leur serait restituée une fois le produit recyclé.
Henning Wilts, de l’Institut pour le climat, l’environnement et l’énergie de Wuppertal, est favorable à un tel système de consigne, même s’il souligne qu’en réalité une telle solution nécessiterait la création d’une structure sensée permettant la collecte de tous les téléphones. Selon la CE, une telle réutilisation des petits appareils électroniques présente plusieurs avantages. Il contribue à garantir l’approvisionnement en matières premières et en énergie essentielles – par exemple, l’or, le cuivre et le nickel peuvent être extraits des téléphones. De plus, il soutient l’économie circulaire.
L’économie circulaire et son objectif
L’Union européenne fonde de grands espoirs sur l’économie circulaire. Les matériaux et produits existants doivent être mis à disposition pour être réutilisés, réparés et recyclés aussi longtemps que possible. L’objectif est de prolonger la durée de vie des appareils. En pratique, cela réduirait considérablement la quantité de déchets.
– L’idée d’une telle économie est de récupérer de la manière la plus optimale possible les matières premières à la fin de la vie utile du produit (c’est-à-dire lorsque l’on veut le jeter) et de les remettre en circulation – explique Henning Wilts. Il s’agit d’une approche complètement différente de l’utilisation actuelle « effroyablement courte » et de l’élimination ultérieure des produits.
Quels problèmes se posent avec le recyclage ?
La volonté politique d’augmenter le recyclage est une chose, la mise en œuvre de ce plan en est une autre. De nombreuses technologies dans ce domaine ne sont pas encore perfectionnées. Par exemple, dans le cas du recyclage du lithium – un métal léger présent dans les batteries des smartphones – le processus industriel dans les pays de l’UE est encore en phase de développement. Il en va de même pour les métaux des terres rares tels que le néodyme et le dysprosium. Ils sont en grande partie importés de Chine et utilisés dans les cellules solaires, les éoliennes et les voitures électriques. Jusqu’à présent, seulement 1 % de ces métaux ont été recyclés, car ce n’est tout simplement pas rentable à ce stade.
Selon l’UE, des niveaux de recyclage de plus en plus élevés devraient être poursuivis. Plus des trois quarts de la production de terres rares sont contrôlés par la Chine, la Russie et les États-Unis. Les recycler pourrait donc rendre les pays de l’UE plus indépendants. Cependant, les technologies dans ce domaine ne sont pas encore suffisamment développées.
Source : Deutschlandfunk