Des unités spéciales sénégalaises financées sur le budget de l’UE pacifient brutalement les manifestations dont les participants s’opposent aux ambitions autoritaires de l’actuel président.
En 2021, Ousmane Sonko, le leader de l’opposition locale, est arrêté au Sénégal. Depuis, ses partisans manifestent régulièrement contre l’actuel président Macky Sall. Plusieurs dizaines de personnes sont mortes jusqu’à présent. Ces dernières semaines, le président a annulé les élections présidentielles prévues fin mars et a annoncé leur report pour une durée indéterminée. Il a justifié cette démarche, entre autres : incapacité à assurer un niveau de sécurité adéquat dans le pays.
La télévision qatarie Al Jazzera et l’organisation espagnole porCausa ont publié un reportage dans lequel elles affirment que les autorités sénégalaises utilisent une unité spéciale antiterroriste, le GAR-SI, pour combattre les manifestants antigouvernementaux. Sa création a été financée par une subvention de l’UE.
Combien d’argent Bruxelles alloue-t-elle aux forces spéciales africaines ?
L’Union européenne a porté le projet GAR-SI SAHEL en 2016-2023. Dans ce cadre, 74 millions d’euros ont été transférés du budget de l’UE pour créer et équiper des unités de police spéciales en Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Mali. Leur objectif était de lutter contre la criminalité organisée transfrontalière.
Deux succursales ont été créées au Sénégal dans le cadre de ce projet. Le premier comptait 300 agents et a reçu une subvention de 7 millions d’euros de Bruxelles, et le second, avec 250 agents, a reçu 4,5 millions d’euros. Ils ont été formés par des unités spéciales de la police espagnole, portugaise, française et italienne.
Ils apaisent les manifestations avec du matériel de l’UE
Aujourd’hui, les journalistes qui couvrent les manifestations au Sénégal rapportent que ces troupes et équipements dont ils étaient équipés dans le cadre d’une initiative de l’UE ont été utilisés pour réprimer les manifestations. Cette information est confirmée par des sources policières locales espagnoles.
La Commission européenne ne confirme pas ces informations et appelle les autorités sénégalaises à enquêter de manière approfondie sur tous les cas de recours disproportionné à la force pour réprimer des manifestations.
Auparavant, l’ensemble de l’initiative GAR-SI avait déjà fait l’objet d’une enquête de la part des institutions européennes et des abus impliquant des dépenses injustifiées de plusieurs millions d’euros avaient été détectés.