La Commission européenne a décidé de réviser les règles de bien-être, en mettant particulièrement l’accent sur la question du transport des animaux, qui a été soulevée à plusieurs reprises lors des réunions de l’UE ces dernières années. Cette orientation est tout à fait juste, car les deux dernières décennies ont changé la nature de l’agriculture à l’échelle mondiale. L’Union européenne est à l’avant-garde dans de nombreux domaines, notamment en matière de bien-être animal. Les vingt dernières années ont apporté de nouvelles méthodes de suivi du bien-être et de nombreuses publications scientifiques qui apportent un nouvel éclairage sur le bien-être des animaux d’élevage.
Que veut changer la Commission européenne ?
Les propositions de la Commission européenne sont vastes par nature et, en supposant leur mise en œuvre théorique sous une forme inchangée, elles imposeraient certainement des coûts importants aux agriculteurs. La CE souhaite, entre autres, que le temps maximum de transport d’un animal jusqu’à l’abattoir ne dépasse pas 9 heures (mais les animaux non destinés à l’abattage peuvent être transportés plus longtemps), que le temps maximum de déchargement des animaux soit de 21 heures et que les animaux transportés pendant plus d’une journée ont accès à l’eau et à la nourriture. Les propositions de la Commission comprennent également : une interdiction du transport d’animaux gestants si 80 pour cent de la gestation est déjà terminée ; limiter (jusqu’à 18 heures) la durée du transport des animaux non sevrés – avec une pause alimentaire obligatoire après 9 heures de voyage ; transporter des poules âgées à une température d’au moins 15 degrés Celsius.
Une attention particulière a également été portée au transport d’animaux dans des « conditions extrêmes ». Ici, la CE propose : une interdiction du transport d’animaux pendant la journée lorsque la température dépasse 30 degrés Celsius ; couvrir le véhicule et contrôler la circulation de l’air pendant le transport lorsque la température descend en dessous de zéro ; limiter la durée maximale du transport à 9 heures lorsque la température descend en dessous de 5 degrés Celsius.
Les agriculteurs ont des doutes
Les communautés d’éleveurs sont pleinement conscientes de la nécessité de modifier le transport des animaux, mais elles soulignent à juste titre certaines lacunes liées aux idées de la Commission.
Ils soulèvent notamment des objections aux plages de températures qui régulent le transport des animaux. Il est difficile de nier que les animaux possèdent une certaine adaptabilité aux conditions météorologiques dans lesquelles ils sont élevés. Par exemple, les bovins de boucherie élevés en Pologne auront des besoins différents liés à la température de l’air, des besoins différents dans les zones de haute montagne d’Italie et des besoins encore différents sous le soleil d’Espagne. Rechercher une unification complète des réglementations dans ce domaine semble être un oubli ou le signe d’une incompréhension de ce à quoi les éleveurs sont confrontés au quotidien.
Les agriculteurs soulignent également qu’il n’existe aucune tentative de réglementer le transport d’animaux par voie maritime, où – évidemment – les réglementations proposées ne peuvent pas s’appliquer en raison du temps long que les individus passent à l’extérieur des ports.
Les éleveurs aimeraient également avoir une discussion sur des situations aléatoires. Que faire en cas d’arrêt forcé de plusieurs heures à un poste frontière ou de panne de véhicule ? De telles situations se produisent, comme en témoignent les récentes protestations des transporteurs à la frontière avec l’Ukraine. Les agriculteurs souhaitent fournir aux animaux – comme ils l’appellent – un « service de sécurité », c’est-à-dire des soins vétérinaires d’urgence ainsi que de l’eau, de la litière et de la nourriture.
Les éleveurs sont également clairs sur l’importation d’animaux vivants en provenance de pays hors Union européenne. Ils exigent, et ils ont raison, que les animaux entrant dans la Communauté bénéficient de conditions conformes aux normes européennes. Cela est nécessaire à la fois dans le contexte du bien-être et pour garantir des conditions de concurrence égales. Entre l’UE et les entreprises extérieures. Mais l’Union européenne ne permettra pas un traitement inégal de ses entrepreneurs, n’est-ce pas ? Vrai?
Quoi qu’il en soit, la Commission a initié la création d’un sous-groupe spécial au sein de la Plateforme pour le bien-être animal. Sa tâche sera « de développer des indicateurs de bien-être animal basés sur des preuves scientifiques et des méthodologies généralement applicables, qui permettront une interprétation uniforme des indicateurs de bien-être animal dans tous les États membres ».