L’UE cède la place aux agriculteurs lorsqu’il s’agit de limiter les pesticides !

Bruxelles commence à faire des concessions après les protestations des agriculteurs. La présidente de la Commission européenne a annoncé qu’elle retirerait la proposition visant à réduire de moitié l’utilisation de pesticides. Les eurocrates tentent ainsi de calmer la colère du village, craignant que les humeurs eurosceptiques ne se traduisent par les résultats des prochaines élections au Parlement européen.

Le pouvoir exécutif de l’Union européenne a abandonné mardi une proposition de répression des pesticides, une autre concession aux agriculteurs après des semaines de manifestations qui ont bloqué les principales capitales et les lignes économiques à travers le bloc. Alors que la proposition traîne dans les institutions européennes depuis deux ans, la décision de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est la dernière preuve que le bloc est prêt à sacrifier les priorités environnementales pour garder la communauté agricole à ses côtés. Les agriculteurs ont souligné que des mesures telles que celles sur les pesticides ne feraient qu’alourdir les charges bureaucratiques et les maintiendraient derrière leurs ordinateurs portables plutôt que dans l’agriculture, élargissant ainsi l’écart de prix entre leurs produits et les importations bon marché de biens produits par des agriculteurs étrangers sans charges similaires.

Autocritique politique à Bruxelles

La proposition sur les pesticides est devenue un « symbole de polarisation » et « plus de dialogue et une approche différente sont nécessaires pour avancer », a déclaré von der Leyen au Parlement européen à Strasbourg. Elle a admis que les propositions ont été présentées par-dessus la tête des agriculteurs. « Les agriculteurs ont besoin d’une analyse de rentabilisation précieuse pour les actions qui soutiennent la nature. Nous ne l’avons peut-être pas fait de manière convaincante », a déclaré von der Leyen.

On ne sait pas quand de nouvelles propositions seront élaborées. Les élections parlementaires européennes auront lieu en juin et le sort des agriculteurs est devenu un point central de la campagne, mettant même de côté les questions climatiques ces dernières semaines. Dans le cadre du Green Deal européen largement annoncé, l’UE s’est fixé pour objectif une réduction de 50 %. consommation globale de pesticides et autres substances dangereuses d’ici 2030. La proposition a été critiquée à la fois par les écologistes, qui la jugent insuffisante pour atteindre les objectifs de développement durable, et par les groupes agricoles, qui estiment qu’elle serait irréalisable et mettrait les agriculteurs en faillite. La décision de suspendre la proposition sur les pesticides constitue le dernier acte d’autocritique politique de l’UE en réponse aux protestations, qui ont eu un impact sur la vie quotidienne de millions de citoyens européens et ont coûté des dizaines de millions d’euros aux entreprises en raison des retards de transport.

Le droit triomphe

De nombreux hommes politiques, notamment de droite et de ses marges, ont salué les manifestations. « Vive les agriculteurs dont les tracteurs obligent l’Europe à se retirer des absurdités imposées par les multinationales et la gauche », a déclaré le ministre italien des Transports de droite, Matteo Salvini. La semaine dernière, von der Leyen a annoncé son intention de protéger les agriculteurs des produits moins chers exportés d’Ukraine déchirée par la guerre et de permettre aux agriculteurs d’utiliser certaines terres qu’ils ont dû garder en jachère pour des raisons environnementales. La Commission européenne s’apprête à annoncer davantage de mesures sur la manière d’atteindre des objectifs stricts en matière de changement climatique sans nuire aux intérêts des agriculteurs. La question est urgente car, par exemple, en France, où les protestations ont atteint une masse critique, le gouvernement a promis plus de 400 millions d’euros (436 millions de dollars) de soutien financier supplémentaire. Pendant ce temps, les autres gouvernements européens ne peuvent pas se permettre une telle injection de liquidités dans l’agriculture.

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